Infiltration

Huit heure du soir, deux jours plus tard. Windu avait donné dendez-vous à sa nouvelle section sur la grande place et tous étaient déjà là quand il arriva, prêts à partir. Quelques soldats les observaient et attendaient eux aussi l'occasion de partir, mais cela ne se ferait que le lendemain.

Ils se dirigèrent vers la Grande Porte et sortirent du camp. Ils marchèrent d'un pas rapide, à grandes enjambées, à travers la forêt, partant un coup à doite, un coup à gauche suivant les caprices du chemin. Ils parvinrent à la lisière une bonne heure plus tard. Il était difficile de se repérer dans la forêt dense, surtout avec la pénombre et sans aucun bruit même pour se guider. Ils parvinrent enfin devant la Cité, à quelques kilomètres de la lisière. Il leur fallait traverser la plaine, et normalement ils auraient dû être à découvert. Mais l'étude des plans leur avait révélé un réseau de tunnels reliant d'anciens bunkers, aujourd'hui recouverts par la terre et les herbes. Cependant, au moins l'un d'eux subsistait, puisqu'il était encore utilisé de temps en temps par les gardes.
Ils longèrent la lisière et parvinrent à un gros bloc de béton, recouvert d'herbes, sur lequel un jeune arbre avait poussé. Ils le contournèrent et entrèrent par derrière. Il leur fallait se baisser pour passer la porte, et à l'intérieur ils devaient marcher un peu penchés.

L'air était moite et à l'intérieur du bunker, aucun passage n'était visible: ni porte, ni sortie de souterrain. Windu s'approcha du centre de la pièce et éclaira le sol de sa lampe torche. Une trappe en métal était fermée, et lorsqu'ils l'ouvrirent une odeur âcre de renfermé s'échappa du trou béant, noir comme l'encre. Un par un, ils descendirent, Windu le premier. Lorsqu'il toucha le fond, après avoir descendu une série de barreaux d'acier glissants et rouillés, il s'avança un peu. Même sa torche ne lui permettait pas de percer la pénombre sur plus d'une dizaine de mètres, et le couloir, creusé dans la terre et tenu par de lourdes barres de bois, semblait interminable.

Ils marchèrent pendant une bonne heure, comme des rats passant dans un tunnel. Parfois, le tunnel s'était un peu effondré, et ils devaient ramper pour faire passer leurs lourdes armures de l'autre côté.

Enfin, ils arrivèrent à n cul-de-sac. Le tunnel avait dû être touché par un obus: il s'était totalement effondré, bloquant tout passage. Des débris de béton laissaient penser qu'il s'agissait d'un bunker détruit. Ils durent rebrousser chemin sur une dizaine de mètres et parvinrent à trouver une échelle semblable à celle par laquelle ils étaient descendus. Windu remonta, poussa la lourde trappe d'acier et passa la tête. Il s'agissait encore d'un bunker, mais les meurtrières ne laissaient transparaître que de la terre. Visiblement, il était un peu recouvert. Ils remontèrent chacun leur tour et tentèrent de trouver une issue en vain. Windu, énervé de ce contre-temps, dégaina son sabre laser et découpa une ouverture circulaire dans le plafond. Un lourd bloc de béton, d'un mètre d'épaisseur, s'écrasa au sol en produisant une épaisse poussière, puis un peu de terre entra. Ils purent bientôt apercevoir les étoiles dans le ciel dégagé et entreprirent de sortir à découvert.

Ils débouchèrent sur la plaine, à une cinquantaine de mètres des remparts de la Cité. Dès que l'un d'eux sortait, il courrait jusqu'au mur et s'y plaquait, de façon à ne pas pouvoir être vu des luniens de garde.

Lorsqu'ils furent tous là, ils longèrent le mur jusqu'à arriver à une des bouches d'aération. Elle était située à une bonne dizaine de mètres au dessus d'eux, et les soldats se demandaient comment ils allaient pouvoir arriver jusque là sans corde. Ce fut Windu qui trouva la solution: il sauta le plus haut possible et s'accrocha de justesse au rebord du tuyau.
"Heureusement que j'ai maigri"

Il sortit son sabre laser et découpa la grille qui bloquait l'entrée. Le plus dur restait à faire. Il resta accroché au rebord encore quelques secondes, puis une énorme gerbe de flammes s'échappa du conduit.
A peine avait-elle cessée qu'il se hissa dans le tuyau, où il pouvait tenir debout, et courut le plus vite possible jusqu'à un renfoncement. La canalisation se séparait en deux circuits et il prit celui de gauche. Il passa d'extrême justesse lorsque venant de droite, un autre torrent de flammes s'engouffra dans le tuyau et lui brûla un petit bout de sa cape.

Il prit son intercom et appela les autres soldats:
"Allez-y les gars, ça passe tout juste. Par contre, prenez le passage de gauche au bout, sinon on va faire des saucisses au barbecue ce soir."

Un par un, les soldats arrivaient, plus ou moins juste par rapport à la régularité des flammes. Lorsque le dernier fut là, aucun incident n'avait été déploré.

"Bon, chacun sait ce qu'il a à faire?
- Oui chef, on peut y aller."

Ils marchèrent en ligne dans la canalisation et à chaque carrefour, ils se séparaient pour rejoindre leurs objectifs. Les bombes étaient réglées depuis le camp pour exploser à sept heure du matin, il était donc hors de question d'avoir du retard sur l'horraire. Elles ne pouvaient de plus pas être désamorçées.

Windu et l'autre soldats étaient les derniers à quitter la canalisation principale. Ils arrivèrent à une sortie d'aération qui donnait sur l'extérieur, dans la face interne de la muraille. Juste au dessus d'eux, il y avait le chemin de ronde, et en dessous, des dizaines de mètres de vide et une centaine, un millier de baraquements, de batisses et de dépots s'étendaient devant eux. Windu donna un coup de pied dans la grille qui chûta, mais ils n'entendirent même pas l'échos du bruit du bout de féraille s'écrasant au sol.
Windu passa la tête en dehors en prenant garde de ne pas tomber et s'accrocha au rebord du chemin de ronde. Il y avait seulement deux gardes, mais ils étaient à une dizaine de mètres de là et regardaient vers la forêt.

Windu se hissa doucement sur le chemin de ronde, sans aucun bruit. Son coéquipier fit de même et ils s'approchèrent doucement des gardes. Parfaitement synchronisés, ils attrapèrent les deux luniens et les égorgèrent. Ils s'écroulèrent sans bruit, les verrins de leurs armures se bloquant peu à peu, ne recevant plus aucune information nerveuse.
"Comment vous comptez ouvrir cete porte? Elle est indestructible, et les murs aussi. On n'y arrivera jamais!
- La porte est indestructible, oui. Et les murs aussi. Mais pas la jonction entre les deux: il n'y a que trois grosses charnières, et ça ça peut se déloger: ce n'est jamais qu'un bout de feraille planté dans un cailloux."

Ils arivèrent au niveau de la porte. Il n'y avait pas de gardes en vue, mais des patrouilles étaient visibles loin en bas. Windu sortit de son sac une première charge d'exposifs, puis une seconde. Il s'attacha à une corde et fixa l'autre extrêmité au garde-fou, puis se laissa tomber en arrière. La chûte libre lui sembla durer des heures puis d'un seul coup, la corde se tendit et il s'aretta brutalement. Il se trouvait juste devant une des énormes charnières: elles étaient directement plantées dans le béton, mais il semblait plus fragile à cet endroit, comme Windu l'avait espéré.
Il plaça une première charge sur la charnière, puis une seconde dans le béton après avoir creusé un petit trou dedans au sabre laser. Ensuite, il remonta un peu et effectua le même travail au niveau de la seconde charnière, puis sur la troisième.
Pour eux, le travail était terminé: il ne leur restait plus qu'à espérer que cela fonctionnerait.

Pendant ce temps, les autres équipes effectuaient leur mission tranquillement: quelques patrouilles avaient été éliminées silencieusement, et aucun accroc n'était à déplorer.

Windu et son collègue rejoignirent un poste de garde, formant une petite batisse en haut de la muraille. A l'intérieur, une table de bois était entourée de quatre chaises et une partie de cartes semblait être en cours. Ils s'aprettaient à appuyer sur le bouton pour apeler l'ascenseur lorsque celui-ci remonta tout seul.
"Vite, fais comme moi!"

Quelques secondes plus tard, la cage d'ascenseur s'ouvrit et deux luniens en armure en sortirent:
"Je sais pas d'où c'est tombé, mais les rats sont vraiment de plus en plus gros par ici. tu parle d'un système anti-saloperie..."

Windu lacha les cables auquels ils se tenaient pour rester coller au plafond et tomba silencieusement juste derrière les deux luniens. Il dégaina son sabre et avant même qu'ils ne purent se retourner, les deux luniens étaient décapités. Ils prirent l'ascenseur et descendirent.
Ils arrivèrent dans une ruelle, entre deux grands batiments gris clair. Aucun bruit ne se faisait entendre. Windu sortit sa carte et repéra les lieux. Ils avaient une centaine de mètres à parcourir avant de retrouver le point de rendez-vous, et il était déjà six heures trente.