La mission

Quelques semaines plus tard, tout allait pour le mieux dans le camp. L'Empereur Varial avait achevé son entrainement et se battait mieux que n'importe lequel des soldats, gradés ou non. Son armure avait été améliorée par l'adjonction de petites mitrailleuses aux poignets et un renforcement des blindages un peu usés.
Un des soldats, pour avoir combattu courageusement pendant des années, en reçut une qu'il améliora lui-même: elle avait un blindage deux fois plus épais que les autres, lui donnant une démarche très pesante, comme si chacun de ses pas suffisait à écraser une armée entière. Il avait opté pour un lourde masse, se terminant d'un côté en une massive face plate, et de l'autre en trois pointes alignées. A chaque coup, il arrivait à envoyer des blocs de pierre valser en petits morceaux à plus d'une trentaine de mètres et traversait un déluge de feu nourri sans aucun dommage. Tous étaient persuadés que ce mec là laché dans les rangs ennemis, ce n'était pas bon pour eux.

Windu avait lui aussi modifié son armure, mais seulement pour qu'elle soit plus légère. Plusieurs l'avaient imité, et les mouvements devenaient très puissants mais également d'une précision, d'une vitesse et d'une souplesse incomparable. C'est d'ailleur ce qui lui valut ce jour-là l'appel de Varial.
"Entre, Windu, j'ai quelque-chose à te proposer."

Windu, debout sur le seuil de la porte, entra et s'aretta devant le Trône où était assis, bien droit, l'Empereur.
"On va essayer un nouveau type de mission. Nous avons maintenant suffisamment d'armes et d'équipement pour prendre d'assaut la Cité.
- La Cité? C'est impossible, vous avez vu la taille des murs? Et il doit y avoir des centaines de gardes là-dedans. On ne pourra jamais y entrer.
- Tu te trompe sur un point: il y avait des centaines de gardes. Mais nos éclaireurs nous ont révélé que depuis quelques mois, beaucoup partaient en guerre aux frontières à l'Est et la Cité s'est vidée depuis. Et nous n'allons pas attaquer de front, je suis d'accord: ce serait du suicide. C'est pour ça que je vous ai appelé, toi et tes hommes.
- Ce ne sont pas mes hommes. Ce sont seulement des soldats qui m'aprécient.
- Apelle-les comme tu veut. Ils sont maintenant sous ton commandement, et vous allez entrer dans cette cité. Votre mission est très simple: vous entrez, vous posez quelques charges explosives pour faire un maximum de dégat et vous ressortez. Les cibles à faire exploser, c'est à vous de les choisir: la seule que je vous oblige à faire sauter, c'est la Grande porte, ou au moins essayez de faire une brêche dans le mur."

Windu sortit de la salle encore sous le choc. Lui et ses quatre gars, ils allaient devoir pénétrer dans la Cité? Autant se suicider tout de suite. Enfin, un ordre de l'Empereur est incontestable.

Il réunit sa nouvelle section et leur fit un rapide résumé. Une fois le choc de la nouvelle passé, ils s'installèrent autour de la table des généraux et inspectèrent minutieusement une carte de la Cité, seulement dérangés une fois par Fld qui, les voyant, ouvrit de grands yeux, étonné de voir autant de ce qu'il prenait pour de nouveaux gradés, et sortit tout de suite.

Pendant toute la nuit, ils inspectèrent la carte dans ses moindres recoins. La façon la plus pratique d'entrer semblait être l'un des puits d'aération, qui formait un trou de la taille d'un homme dans les murs de la cité. Il y en avait plus d'une cinquantaine, mais tous fonctionnaient de la même façon: ils débouchaient à l'intérieur sur une hélice de ventilation et une soufflerie, mais ils pourraient aisémment couper un passage dans le tuyau pour sortir avant. Non, le seul problème était que pour éviter l'entrée de la vermine par là, il y avait un système qui envoyait, sur une centaine de mètres dans le tube, un coup de lance-flamme suffisant pour faire fondre un char. Une centaine de mètres, à parcourir entre deux jets de flamme, pour passer derrière le système d'allumage. Et bien sûr, impossible de le neutraliser: ils étaient persuadés que même les luniens ne savaient plus comment faire. Et s'ils le débranchaient, tout risquait d'exploser: c'était le but recherché, mais ça les dérangeait un peu de finir grillés.
Il fut pourtant convenu qu'ils essaieraient de passer par là. Si le premier n'y parvenait pas, ils chercheraient un autre moyen, mais avec leurs armure allégées, cela leur semblait tout à fait possible, à condition de ne pas trainer en chemin.

Ensuite, ils devaient choisir les cibles. La première, toute désignée, était le dépot d'arme, mais après réflexion, il leur sembla que ce n'était pas une bonne solution: si ils parvenaient à prendre la Cité, ce serait surement utile en cas de représaille. Après tout, il n'y avait pas qu'une seule colonie lunienne dans la région.
Ils désignèrent donc en premier le groupe d'alimentation en énergie. Une sorte de transformateur géant, qui fournissait de l'électricité à toute la zone. Il leur fallait aussi neutralier les engins, mais sans les détruire. Enlever un fusible et couper quelques cables leur semblait largement suffisant.

Une cible qui leur semblait appropriée, c'était les baraquements des gardes. Neutraliser plus d'une centaine de gardes d'un seul coup, n'était-ce pas là le rêve de tout soldat? Deux hommes allaient se charger de cette zone-là, pendant qu'un troisième allait détruire le transformateur. Il ne restait plus que Windu et le dernier soldat. Ils allaient devoir trouver un moyen de faire sauter une partie des fortifications, ou l'immense porte de métal. Ils étudièrent la porte en premier, mais elle était faite du même métal que les armures, et était donc presque indestructible. De plus, elle s'ouvrait sur l'extérieur et il était donc impossible de l'enfoncer. Quand aux murs, ils faisaient plus de vingt mètres d'épaisseur aux endroits les plus fragiles: ça aurait été dur de les attaquer, même au sabre laser ou au canon.

Il était près de deux heures du matin lorsqu'ils allèrent se coucher, toujours dans l'impasse au sujet de la brèche à ouvrir dans les défenses. Seul le commandant de la Cité, pouvait l'ouvrir. Et même en infiltration, il était impossible d'arriver vivant jusqu'à son bureau, dans la plus haute tour de la cité.

Windu se coucha, embrassa Umbre qui dormait déjà profondemment et éteignit la lumière. Il n'arrivait pas à dormir car cette histoire d'infiltration le travaillait. Plus d'une heure plus tard, il se leva d'un bond, pensant tenir la solution à leur problème.