La marche de l'Empereur

Le lendemain, Alpha se leva vers midi. Il était encore fatigué, mais il se sentait d'attaque pour une nouvelle journée, du moins ce qu'il en restait. Il rejoignit la salle des généraux, où il avait pris l'habitude de déjeuner en regardant les cartes et les dossiers. Ce jour-là, il n'y avait personne, et peu de missions étaient en cours. C'était donc une journée de repos comme il en avait rarement eu, et la première chose qu'il fit fut d'aller rendre visite à Umbre.

Il traversa le camp, entra dans l'infirmerie. Immédiatement, il retrouva l'odeur des compresses et des médicaments qui lui fit un peu tourner la tête. Il passa devant Kaf, le Jedi blessé, qui lisait une revue militaire datant d'il y a des années. Lorsqu'Alpha passa, il voulut le saluer mais arrêta son geste à cause de la douleur de son bras déchiré. Alpha lui sourit, lui demanda comment il allait et se dirigea vers le fond de la salle.

Umbre était allongée dans son lit, un peu relevée. Windu était à côté d'elle mais aucun des deux ne disait rien. Lorsqu'Alpha arriva, il les salua mais Windu semblait très contrarié: il se leva, jeta un regard noir à Alpha et sortit à grands pas.
"Ne t'en fait pas. Il a juste eu peur pour moi, et pour sa moto. Maintenant, il fait la gueule, mais dans trois jours il n'y pensera même plus. Je vais lui bidouiller une nouvelle moto, enfin, dès que je sortirai d'ici...
- Désolé pour ce qui s'est passé là-bas. On aurait dû être plus prudents...
- Tu plaisante, c'était génial! Et normalement je sors d'ici un mois. En fait, j'ai l'impression d'avoir juste pris l'air: maintenant je vais continuer à bosser sur mes dossiers, mais allongée ici. Et si je suis fatiguée, pas besoin de me forcer à travailler, je n'ai qu'à dormir un peu", lança-t-elle avec un clin d'oeil.

Il parlèrent un peu de tout. Au bout d'une heure, Fld arrivait et Alpha décida d'aller voir comment allaient le reste de sa troupe.

Il sortit et se dirigea vers le hangar. Là, étendus sur une table improvisée, il reconnu les armures des hommes qu'il avait dû combattre la veille:
"Je vois que vous vous êtes enfin décidés à les sortir de là. Vous les avez enterrés? Demanda-t-il à un mécanicien qui passait par là
- Non, on les a jetés dans une fosse, à cinq cent mètres d'ici, dans la forêt. Personne ne voulait se fatiguer à creuser un trou pour... pour ça!"

Alpha examina les armures. Elles étaient faites d'épaisses plaques d'un métal léger, mais aussi très résistant. Elles n'étaient pas fixées sur le corps: aparemment, les soldats devaient se glisser dedans, et les plaques étaient maintenues par un exosquelette. D'innombrables verrins, pistons et axes parsemmaient l'intérieur de l'armure, et elle pouvait s'ouvrir en deux pour permettre aux soldats de s'installer à l'intérieur.
"Vous pensez pouvoir en faire quelque-chose?
- Pourquoi pas, vous les avez bien ammochées, mais c'est toujours réutilisable. Le seul problème, c'est qu'il faudrait les tester, et moi je ne rentre pas là-dedans!
- Appelez quelqun, un soldat. Les volontaires, ce n'est pas ça qui manque."

Ils hélèrent un soldat qui passait justement par là. Après lui avoir expliqué en quoi consistait le petit service qu'on lui demandait, il hésita puis finit par accepter. Alpha et le mécano ouvrirent les petits verrous et ouvrirent l'armure. Le soldat se glissa dedans, ils la refermèrent et il essaya de bouger en vain.
"Je suis coincé. Aidez moi à sortir de là!
- Attends, il faut l'activer. J'avais vu ça tout à l'heure... Où est ce putain de bouton? Ha, le voilà."

Le mécanicien appuya sur un petit bouton à l'avant de l'armure et un vrombrissement se fit entendre. Le soldat remua un bras, l'autre, puis essaya de faire un pas. L'armure executa alors une longue enjambée, comme s'il venait de sauter deux mètres. Alpha et le mécanicien en restèrent stupéfaits.
"Visiblement, il faut y aller molo, dit le soldat. Chacun de mes mouvements est décuplé."

Après quelques essais, il parvint à marcher sans problème, à courir et à faire des bonds d'une dizaine de mètres. Une masse de soldats était venue voir le spectacle, tout en prenant bien soin de rester à une assez bonn distance de l'attraction pour éviter tout incident.

Au bout d'une heure, le soldat dmanda à sortir. Il s'aretta, appuya sur le bouton et Alpha vint l'aider à sortir. Ils ramenèrent l'armure sur la table et le mécanicien la considera longuement des yeux. Après avoir réflechi quelques temps, il dit:
"Je pense qu'on peut l'améliorer un peu, pas au niveau de ses capacités mais surtout en ce qui concerne l'équipement. Je vais voir ça."

Pendant une bonne semaine, tout un groupe de mécaniciens s'affairait sur les armures, tout en suivant les conseils d'un médecin qui souhaitait surtout préserver la bonne santé des soldats. L'adjonction d'armes de tir légères au poignet droit était devenue automatique, et une des armures avait été équipée de lames lasers longues d'une vingtaine de centimètres à chaque main, comme une unique griffe terminant chaque bras. C'était une idée de Fld, qui s'était déjà reservé sa propre armure. L'Empereur Varial semblait lui aussi très interessé par ces armures, et suivait de très près l'avancement des réparations.

Lorsque la dernière armure fut finie, le véritable projet de Varial fut révélé: autour de son antre, tout le camp s'était massé et se poussait pour voir ce qu'il se passait. Alpha parvint à se frayer un chemin et les gardes le laissèrent entrer dans la Salle du Trône.
"C'est de la folie", dit-il en s'avançant vers Varial.

L'Empereur, debout en bas de son trône, semblait encore plus fragile que jamais. Il avait revêtu son uniforme de général, bien qu'il ne convienne plus à son rang depuis longtemps, et était soutenu par deux gardes. Devant lui, une des armures luniennes était ouverte, prête à l'acceuillir.
Sans répondre, il avança lentement, toujours soutenu, et se glissa dans l'armure. Les deux gardes le lachèrent, et ils fermèrent l'exosquelette. Alpha voulu les en empêcher, mais deux autres gardes le retinrent. Ils activèrent l'armure qui vrombrit, et Varial bougea lentement un bras. Un grand sourire s'affichait sur son visage désseché, et il avança à travers le hall, heureux de retrouver ses capacités de mouvement d'avant.

Il se dirigea vers la porte qui s'ouvrit. Dès qu'il passa la porte, le silence se fit dans l'assemblée. Plus personne ne dit rien ni ne bougeait, puis Varial pris la parole. Un haut-parleur avait été installé et était directement relié à sa gorge.
"Je suis de retour. L'Empereur revient au combat, et il n'en sortira que vainqueur!"

La foule l'acclama, et alors que Varial se dirigeait vers l'opposée du camp, tout le monde le suivait en entonnant un chant créé il y a des siècles à la gloire du Grand Empire.
Les deux gardes lachèrent Alpha, qui partit en courant pour suivre la foule. Il était assez impressioné par la vitesse avec laquelle Varial avait retrouvé ses capacités, mais aussi craintif: l'Empereur n'était plus en sécurité dans son antre, et Alliés et luniens allaient sûrement en profiter.

Varial fit le tour du camp, saluant tout le monde qui l'acclamait. Il passa par l'infirmerie, où Umbre était encore en repos, et elle n'en revenait pas en le voyant. Elle bredouilla quelques mots lorsque Varial lui demanda comment elle allait, puis resta bouche bée en le voyant partir. Alpha rigola en voyant son air ahuri, comme si elle venait de voir un fantôme. D'un autre côté, c'était ça, un mort qui revnait à la vie, enfin presque.

Varial resta tout l'après-midi dehors. La foule se dispersa à sa demande et chacun retourna vaquer à ses occupations, et l'Empereur passa dans chaque atelier, chaque cabane, chaque salle où il pouvait donner sa bénédiction. Tous furent très honnoré de ces visites et le remercièrent longuement, chantant ses louanges dès qu'il repartait. Enfin, à la fin de la journée, il retourna dans la salle du trône, fatigué, mais heureux de sa première journée passée dehors depuis... Il n'arrivait même plus à s'en rapeler.