Nécropole jedi

"Alpha ouvrit la porte de la Nécropole. Il redoutait depuis des années cet instant qui signait la fin définitive de la compagnie des Chevaliers Jedi. Il glissa sa carte dans la fente creusée depuis des millénaires dans le mur et la lourde porte de marbre coulissa, lentement, dans un bruit de raclement sec. En quelques secondes, un long couloir noir s'étendait devant lui, éclairé par quelques rares flammes situées à plusieurs mètres du sol. Le plafond se perdait dans les ténèbres et Alpha savait qu'à part les batisseurs de ce temple, personne n'en connaissait la taille exacte.
Il s'avança dans le couloir, large et sombre, mais ses yeux s'abituèrent assez rapidement à la lumière, grâce en grande partie aux implants qu'il s'était fait ajouter. De chaque côté, des statues immenses des anciens colonels s'élevaient, personnages d'or et d'argent dont les noms se perdent avec le temps. Alpha pensa qu'un de ces jours, sa statue serait peut-être ajoutée aux côtés de celle de héros de guerre d'antant. Sur chacune des statues, fixée au socle d'ivoire, une plaque d'or indiquait les dâtes de règne de chaque colonel et leur nom, des noms qui ne disaient plus rien et dont les exploits sont maintenant archivés dans les bibliothèques impériales, à des kilomètre de profondeur sous Terre.

Alpha passa devant une statue dont le visage avait été défiguré, comme arraché, griffé par des lames acérées. De tout les colonel, seule l'histoire de celui-ci était connu de tous puisqu'on l'apprenait étant padawan: Tarek, colonel des Chevaliers Jedi, qui fut trainé à travers toute la capitale de l'Empire pour être pendu devant le Trône Sacré pour avoir trahi le Grand Empire. Son corps, pour éviter tout clonage, avait été brûlé, et ses cendres sont maintenant murées dans un lieu connu uniquement des batisseurs du Trône Sacré, morts depuis longtemps et ayant entrainé leur secret dans la tombe.

Alpha arriva au bout du couloir, après avoir marché une centaine de mètres, et il lui semblait entendre encore derrière lui les échos de ses pas. Il parvint devant un grand escalier, haut d'une dizaine de mètres seulement, en haut duquel se trouvait une porte, semblable à la première, mais nullement mécanique: c'était une grosse porte de bois et d'acier, d'un temps ancien, aussi vieille que le temple lui-même. Des ornements d'or incrustés dans le bois indiquaient:

Que reposent ici les Serviteurs Jedi de l'Empereur. Ils reviendront un jour, plus forts que jamais, réveillés lorsque l'on aura besoin d'eux.

Il poussa la lourde porte, mais par un équilibrage parfait elle s'ouvrit sans grande dificulté, malgrès que son poids doivent dépasser les quelques tonnes. Une grande salle circulaire s'illumina alors devant lui, éclairée de la même façon que le couloir. La poussière accumulée au sol indiquait l'inutilisation de cette salle depuis des centaines d'années. Tout autour, contre les murs, des formes sombres se détachaient. Il s'agissait de Tombeaux de Stase, des machines d'un temps reculé, qui permettaient la cryogénisation des corps et plongeait les êtres dans un sommeil artificiel, ralentissant de façon considérable le vieillissement. Sur les trente tombeaux que contenait la salle, une dizaine étaient déjà occupés. Peut-être ces hommes étaient-ils morts, oubliés depuis des milliers d'années... Cette idée traversa l'esprit d'Alpha, qui hésita un moment, puis, résolu, il s'approcha du panneau de contrôle situé au milieu de la pièce. Il appuya sur un bouton, le numéro 27, et une des capsules s'alluma. C'était un cylindre de métal, un métal qui semblait inconnu, ou dont la fabrication s'était perdue avec le début de cette guerre. Une vitre sur laquelle une forte buée s'élevait formait des courbes et permettait d'observer l'intérieur du tombeau et d'y entrer.

Alpha s'approcha du tombeau. Il enfonça le manche de son sabre dans un trou situé dans le mur à coté de la capsule, à quelques centimètres au dessus d'un panneau de contrôle assez complexe. Le panneau s'éclaircit, laissant apparaître les signes d'une langue ancestrale, apprise aux Jedi au début de la création de la compagnie, mais dont l'enseignement s'est perdu. Alpha connaissait néammoins la démarche à suivre: le bouton de droite ouvrait la capsule, celui tout en bas à gauche permettait la préparation du mélange cryogénique et un bouton dans la capsule lançait le processus. Les autres fonctions, notamment le réveil programmé, ne figuraient plus sur aucun document et il était très dangeureux d'essayer un programme au hasard.

Il appuya sur le premier bouton, puis le second... Un vibrement se fit sentir et la capsule s'emplit d'une sorte de gaz, s'échappant par la vitre béante. Un courant d'air fit claquer la lourde porte de la salle, faisant sursauter Alpha. Il se plaça devant la capsule, fit un pas en arrière pour y entrer... Juste à côté de lui, un bouton, un unique bouton le séparait d'une stase qui pourrait être éternelle... Et si jamais personne ne retrouvait le tombeau? Si, lorsqu'il serait réveillé, les navets ou les schtroumpfs avaient gagné cette foutue guerre? Bah, ce sera la surprise au réveil...

Il fit une dernière prière envers l'Empereur et approcha son doigt de l'interupteur. Déjà il sentait le gaz faire son effet: ses extrêmités lui semblaient complètement engourdis et il commençait à avoir froid, malgrès son entrainement qui lui permettait de résister indifféremment à des conditions climatiques très rudes. Il appuya sur le bouton et la vitre se referma d'un coup sec. Le gaz emplissait la capsule, et Alpha ne sentit plus ses membres: d'abord les jambes, puis le torse... La respiration devenait difficile, mais, étrange sentiment, l'absence d'air ne semblai pas lui manquer. Il commençait à avoir du mal à réflechir et eut l'impression de chanceler un peu. Il vacilla, du moins son esprit en était persuadé car son corps ne bougea pas d'un centimètre, et ses yeux se fermirent doucement. La dernière chose qu'il entendit avant de sombrer dans son sommeil fut un raclement sourd, puis un claquement bref qui se répercuta en échos longs et réguliers, comme venu du centre de la Terre. Les portes de la Nécropole se fermèrent pour la dernière fois.

Un frisson... Le premier depuis... Impossible de se rapeler. Une douleur aux doigts... Aux côtes aussi. Une douleur qui remonte lentement, qui se propage... Et toujours ce frisson... Un tremblement incontrôlable... Il fait froid, très froid... Il plie les doigts, lentement... Les articulations craquent... Le froid commence à disparaître... Une légère sensation de chaleur se fait sentir. C'est doux, ça fait du bien... Il ne voit rien, tout est comme dans une nuit noire... Il bouge une main, cherche quelque-chose à quoi se tenir... La tête lui tourne... Les pensées sont très confuses, son esprit semble s'égarer dans un autre monde. Il a l'impression de se réveiller, et en même temps de sombrer dans un rève... La douleur s'estompe lorsqu'il fait des mouvements. La respiration... Quelque-chose qu'il lui semble avoir oublier... Respirer... Absorber de l'air, gonfler ses poumons... Il lui semblait ne plus avoir fait ça depuis des années... Il a l'impression d'avoir rêvé des années. Rêvé d'un monde déchiré par la guerre, de gens qui tombe, d'amis qu'on pert... Il s'attend presque à se retrouver dans son lit, à devoir se lever et préparer le café. Il bouge un bras... La encore ça craque, ça fait mal, mais ça passe... Une lumière commence à apparaître, comme si des rayons de soleil passaient à travers un voile noir. Des formes se détachent peu à peu, floues, indistinctes. Elles bougent... La lumière est totale, il commence à faire très clair... La sensation de froid à maintenant complètement disparue, il fait chaud... Il essaie de bouger, de remuer... Ca craque toujours à chaque mouvement, mais la douleur est minime, comme si la température l'avait annihilée. Il commence à pouvoir distinguer clairement ce qui se passe. Il est devant une vitre. Il y a beaucoup de buée, à l'intérieur et à l'extérieur. Des formes sombres aparaissent à travers. Ses pensées s'organisent, il commence à se rapeler...

D'un seul coup, la vitre se relève. Il chute, se retrouve devant la capsule, devant sa propre tombe. Il tente de se relever, mais a du mal. Il se met à quatre pattes, relève la tête... Devant lui, trois hommes se tiennent debout, à quelques mètres, habillés d'un treillis qui ne ressemble à aucun de ceux que Alpha avait déjà vu. Il se demanda si ils étaient de l'Alliance, de la Force Lunaire ou de l'Empire...

L'homme au centre était habillé comme un officier: une casquette, une tenue digne d'un général... Il ne semble pas porter d'autre arme qu'un pistolet à la ceinture. Les deux autres hommes se tiennent debout de chaque côté de lui. Ils sont tout deux grands, vêtus e ces fameux treillis inconnus, et portent des sortes de mitraillettes, qui ressemblent étragement aux famas d'autrefois, mais... Differents...

Alpha tenta de se relever. Les deux gardes s'approchèrent de lui et le redressèrent, le tenant par les épaules. L'officier le regarda de haut en bas, comme s'il le jugeait, puis fronça des sourcils.

"Qui êtes-vous?"

Alpha avait du mal à parler, comme si une main lui étreignait la gorge.

"Je répète: qui êtes-vous?
- A... Alpha... Ancien... Colonel Jedi... Que... Que s'est-il passé?
- C'est moi qui pose les questions pour le moment. Depuis quand êtes-vous enfermé là-dedans?
- Je ne sait pas..."

L'officier le dévisagea. Il semblait à la fois soulagé, et en même temps soupçonneux. Ce serait donc là la fameuse Nécropole Jedi?

"Pouvez-vous prouver que vous êtes celui que vous prétendez être?
- Oui, je pense..."

La douleur à la gorge s'estompait rapidement. Alpha déglutit, puis repris la parole.

"En quelle année sommes-nous?
- En 20416, du moins sur notre calendrier.
- Qui êtes-vous? A quelle faction apartenez-vous?
- Faction? Vous voulez dire armée je suppose... Cela fait donc vraiment longtemps que vous êtes là. Les choses ne sont plus si simples. Venez, je vais vous expliquer."

Les deux gardes lachèrent Alpha, qui vascilla un peu. La tête lui tournait, mais il pu rapidement marcher. Il regarda autour de lui. La grande salle avait changé depuis la dernière fois qu'il l'avait vue. Plusieurs capsules avaient explosé, répendant un liquide visqueux sur le sol. Des débris de verre trainaient à terre. D'autres capsules, toujours vides, étaient ouvertes et semblaient attendre que quelqun entre. Enfin, les six dernières capsules étaient fermées. Une fine couche de glacerecouvrait le métal et le verre. Peut-être quelqun était-il encore en stase dedans...

Alpha suivit l'officier qui tournait les talons. Il marchait d'un pas rapide, mais souple, à grandes enjambées. Ils passèrent devant la porte de bois. Elle semblait ne pas avoir été affectée par le poids des années, et était identique au souvenir qu'en avait gardé Alpha, avant sa cryogénisation. Le petit groupe traversa le couloir. Les statues défilaient devant eux, et Alpha pensa que si le temple avait si peu changé, le monde qu'il connaisait devait sans doute être le même que celui d'avant...

Ils arrivèrent devant la porte principale du temple. Elle avait été défoncée, et des débris de marbre trainaient à terre. L'officier et les gardes sortirent, et Alpha le suivit. Avant de quitter le sanctuaire, il jeta un dernier regard en arrière, mais ne pu rien appercevoir d'autre que le couloir qui se perdait dans les ténèbres.

Ils débouchèrent dans une forêt, ou du moins cela y ressemblait-il fortement. Des arbres immenses se dressaient devant eux. Des lianes pendaient un peu partout, et des fougères se répendaient sur le sol comme des ronces. Pourtant, dans ce monde naturel, quelque-chose manquait... Aucun bruit ne se faisait entendre, rien du tout. Ni sifflement d'oiseau, ni bruit du vent dans les feuilles, rien...

Le groupe rejoint un petit chemin, quelques dizaines de mètres plus loin en avant. Les deux gardes parraissaient tendus, toujours aux aguets, comme si une menace imminente allait leur tomber dessus. Pourtant, le Temple Jedi avait été construit au coeur du Grand Empire, pas très loin du Trône Sacré. Et si c'était des espions luniens? Ou de l'Alliance?

"Allez-vous me dire enfin qui vous êtes?
- Chut, taisez-vous ou vous allez nous faire repérer."

Pour la première fois depuis la sortie du temple, une expression de peur se lisait sur le visage de l'officier. Que pouvait-il bien craindre autant?

"Pour qui vous battez-vous?
- Pour une cause perdue depuis longtemps. Je vous expliquerai tout ça plus tard, pour le moment suivez-moi et fermez-la."

Ils suivirent le sentier pendant un petit kilomètre. La terre avait toujours la même couleur, les arbres étaient identiques à ceux auquel Alpha grimpait pendant son enfance... Mis à part l'absence d'oiseaux, tout semblait calme, paisible. La guerre s'était-elle enfin arretée?

Enfin, la forêt semblait s'arreter. La lumière ne traversait plus les feuilles et chauffait directement le visage. L'officier s'arretta et fit signe à Alpha d'approcher. Les deux gardes s'écartèrent et surveillèrent les alentours, pointant leurs fusils dans toutes les directions. Le spectacle que vit Alpha le laissa sans voix.